Empreinte ou ornière ?

Nous voilà presque sortis de cette pénible aventure tant intime que collective de deux années en compagnie de ce virus, qui nous aura tellement fait douter et divisé.

Quelle trace allons-nous en garder ?

Déciderons-nous consciemment de lever le pied, de ralentir, d’aligner nos actes à nos valeurs? Ou allons-nous courir pour tenter de rattraper cette impression de « manque à vivre », nous plongeant dans une orgie du prêt-à-consommer ?

N’étant pas immuables et locataires d’une planète limitée, quelle trace laissons-nous aux générations qui nous survivront ?

Dans la bande dessinée Le Droit du sol, Etienne Davodeau, nous invite à la réflexion :[1]

« Debout à la surface de la planète
Sur les parois de la grotte de Pech Merle, il y a des milliers d’années,
des sapiens ont laissé à leurs descendants des souvenirs admirables.
À huit cent kilomètres de là, sous le sol de Bure, en ce moment,
d’autres sapiens – et d’une certaine manière les mêmes sapiens – envisagent
d’enterrer des déchets nucléaires dont certains resteront dangereux
pendant des milliers d’années.
Je veux comprendre ce qui sépare et ce qui relie ces deux lieux, ces deux dates.
Ici se joue quelque chose qui en dit long sur notre rapport à cette planète et à son sol.»

Et si nous tentions de laisser plutôt une empreinte ?

Comme celle qui disparait à mesure, telle une trace de lynx, qui se donne à voir à ceux qui veulent bien s’en donner la peine. Pas de ces traces, comme des ornières prêtes à faire exploser l’espoir des générations futures. 

Suis-je plutôt du genre empreinte ou ornière ? Les conversations carbone[2],  ce processus de 6 ateliers en petit groupe nous permet d’évaluer où nous en sommes de notre impact individuel sur cette planète et d’évoluer en expérimentant d’autres manières de faire dans des domaines comme l’énergie à la maison, la mobilité, l’alimentation et la consommation.

Passée la crainte de la privation, et si nous réalisions que la taille des traces que nous laissons sur ce monde est inversement proportionnelle à celles qui nous remplissent la tête et le cœur, bien à l’intérieur ?

© Irène DAncona

Quelle place dans nos vies pour l’émerveillement ?

La joie d’une graine qui sort de terre, l’enchantement du premier vol de papillon de la saison, le plaisir du repas entre amis à regarder le soleil se coucher, le bonheur de revoir un frère que l’on craignait parti…

La vie est forte et puissance, inlassablement. Cultivons-là tel le jardinier avec une joie assidue et une légèreté lucide.

Même si l’insouciance semble nous avoir abandonnée, êtes-vous prêts à danser avec le printemps ?


[1] Le Droit du sol, Journal d’un vertige, Etienne Davodeau, Futuropolis Edition

[2] Conversations carbone, Artisans de la Transition, https://artisansdelatransition.org

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